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Locarno by bike

Margaux | 14 août 2018

Cinéphile bénéficiant d’une semaine de vacances en août, ma destination était toute trouvée ! 5h de train plus tard, je débarque à Locarno avec mes bagages mais sans mon vélo qu’il est interdit de mettre dans le Centovalli express faute de place. Malgré une discussion animée avec un contrôleur italien peu loquace, l’engin ne franchira pas les portes. Ma chère bicyclette me rejoindra deux jours plus tard expédiée avec soin par les CFF. C’est donc à pattes que je rejoins le camping où je passerai mes premières nuits.
Ces premières déconvenues n’entament en rien mon exaltation pour le festival. Ce n’est que ma deuxième expérience locarnesque, j’ai une semaine pour me remplir la panse de cinéma et je compte bien commencer dès ce soir par une première séance sur la Piazza Grande. Ce vendredi, Meg Ryan reçoit un léopard d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. L’interprète de l’orgasme le plus fameux du cinéma a l’air très émue sur la retransmission de la cérémonie, parce que oui il pleut ! Meg est au sec dans un théâtre de la ville pendant que moi je prends la pluie sur la Piazza. Cette première soirée humide s’achève avec la projection de Was uns nicht unbringt de Sandra Nettelbeck dont je ne parlerai pas car il serait méchant d’être méchante.

« Tarde para morir joven » de Dominga Sotomayor, lauréate du Léopard de la mise en scène – © Locarno Festival

Samedi, le soleil est de retour et Locarno retrouve les charmes qui donnent à ce festival toute sa saveur. Comment ne pas se sentir en vacances lorsque l’on prend un cappuccino sur une terrasse face au lac en épluchant le programme. Le tout est de savoir trouver l’équilibre entre les différentes sélections et les rétrospectives. Je commence par un film en compétition internationale Tarde para morir joven de Dominga Sotomayor. Ce quotidien de familles marginales au pied des Andes chiliennes est raconté avec une telle douceur que je suis emportée par ce film à l’ambiance si particulière. La compétition internationale m’a d’ailleurs réservée plusieurs surprises cette année dont le très beau Génèse de Philippe Lesage. Malgré 20 minutes finales peu nécessaires, ce long métrage québécois dépeint avec justesse, sensibilité et sans compromis les émois amoureux de deux adolescents.

Le cinéma suisse n’était d’ailleurs pas en reste cette année puisque deux fictions ont notamment retenu mon attention. D’abord, Glaubenberg, de Thomas Imbach, repousse les limites du tabou en narrant les fantasmes d’une adolescente pour son frère. Le réalisateur ne glisse pas sur ce sujet des plus casse-gueule et nous offre en prime une très belle photographie. Ensuite avec Ceux qui travaillent, Antoine Russbach pose la question : jetteriez-vous un migrant à la mer pour un smartphone ? Son manifeste contre le capitalisme emmené par un Olivier Gourmet magistral a le mérite d’adresser la question de la place du travail dans la société suisse.

"Ceux qui travaillent", du genevois Antoine Russbach - © Locarno Festival

« Ceux qui travaillent », du genevois Antoine Russbach – © Locarno Festival

Pour respirer un peu entre ces films très sérieux, j’ai pu compter sur la rétrospective Léo McCarey. Ce réalisateur hollywoodien a officié entre les années 20 et 50 et sans révolutionner le cinéma de l’époque, il est resté un excellent faiseur de comédie. Que ce soit des Laurel et Hardy muets ou au contraire une screwball comédie extrêmement dialoguée et savoureuse, la salle est toujours en joie.

Mais le festival de Locarno ce n’est évidemment pas que des films. Il faut bien manger et pour ça il y a la rotonde (petit village de multiples stands) qui s’anime le soir et où l’on trouve même une piste de danse quand la nuit est avancée. Et puis il y a le léopard ! C’est certainement la seule période de l’année où une ville entière est autorisée à porter ce motif des plus kitsch et autant dire qu’il se décline partout que ce soit sur des tongs, des sacs ou des bus.

Sept jours trop courts plus tard, mon séjour se termine comme il a presque commencé, avec un cappuccino sur une terrasse face au lac. J’aimerais bien commenter le palmarès mais comme cela m’arrive souvent en festival, je me débrouille pour ne pas avoir vu les films primés. Mais peu importe les prix, je rentre avec la panse bien remplie, sans indigestion, et avec mon vélo.

Publié le 14 août 2018
Crédit photo de Une : Piazza Grande - © Locarno Festival

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Une publication de Margaux


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